samedi 14 mars 2009

Marxiste-Lennoniste

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Dans le Devoir du 14 mars 2009, Stéphane Baillargeon demande:

Que reste-t-il de la pensée marxiste au Québec ?

Voici ma réponse :

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Le neorhino est marxiste-lennoniste

Inspirés de Groucho Marx, l'humoriste
et de John Lennon, le rêveur (You may say I'm a dreamer...)
les neorhinos poursuivent leur chemin révolutionnaire,
tranquille et psychédélique.

Je ne peux pas tellement parler pour les autres générations,
mais je peux très bien parler pour la mienne.

Il y avait les «straights» et les «freaks».
Parmi les freaks, il y avait quelques «fakes».

Les fakes, c'étaient des straights
qui s'habillaient comme des freaks pour sortir la fin de semaine,
mais qui se rhabillaient en straight
pour enseigner au CEGEP pendant la semaine.

Dans sa chanson «Imagine», John Lennon a très bien résumé
où en était rendue la pensée révolutionnaire à cette époque :

Imagine no countries
Imagine no possessions
Imagine no religions

Du coup, sur le plan de la théorie politique,
tout ce qui avait été dit auparavant est devenu désuet.

Moi, je l'ai compris instantanément,
mais il y en a plusieurs qui, quarante ans plus tard,
ont encore besoin de se faire expliquer
le sens des paroles des Beatles,
de Bob Dylan et de tous les autres poètes
qui ont exprimé le fond de notre pensée.

Peu importe, ils ont le reste de l'éternité pour se rattrapper.

Le véritable héritage de la pensée révolutionnaire québécoise
n'est pas dans les vieux numéros de «Parti pris»,
mais dans ceux de «Mainmise» !

Cette révolution psychédélique n'est pas un échec mais un grand succès.

Il n'y aurait pas aujourd'hui 22 émissions culinaires à la télévision,
si les membres des coops d'alimentation naturelle et des groupes d'achats
n'avaient pas secoué les habitudes alimentaires de leurs familles respectives.

Si une révolution ne comprend toujours pas aujourd'hui
l'importance d'une saine alimentation, on est en droit de se demander
c'est quoi d'autre qu'elle ne comprend pas.

Si les sages-femmes n'avaient pas lutté pour la reconnaissance de leur pratique,
les départements d'obstétrique auraient-ils fait autant d'efforts pour humaniser leurs services ?

Si nous n'avions pas tant lutté contre les guerres,
les militaires en auraient fait beaucoup plus
et ils auraient probablement déjà utilisé l'arme nucléaire à plusieurs reprises.

Si nous n'avions pas tant défendu l'idée de «small is beautiful»,
l'économie sociale ne représenterait pas aujourd'hui le tiers de l'économie totale au Québec
et ne fournirait pas la majorité des nouveaux emplois.

Si nous n'avions pas fait autant d'explorations sur les plans de conscience,
nous penserions peut-être encore comme les gens du Manitoba
qui croient en 2009 que les adeptes du «yoga» sont membres d'une secte diabolique.

«Tune in, turn on, drop out»

Nous avons continué de vivre dans le monde,
mais nous avons radicalement tourné le dos aux vieilles structures de pouvoir
et nous avons construit nos propres réseaux d'action.

Et aujourd'hui, ces énormes structures institutionnelles autant privées que publiques
sont en train de s'écrouler les unes après les autres
non pas parce qu'elles sont attaquées de l'extérieur,
mais parce qu'il n'y a plus personne à l'intérieur
avec le minimum de compétences requises pour les maintenir à flot.

Et aussi parce que les populations n'ont tout simplement plus les moyens
de satisfaire leur appétit insatiable de richesses.

Bref, que vous le vouliez ou non, que vous vous en rendiez compte ou non,
«no countries, no possessions et no religions»
c'est en train de se produire en temps réel !

Welcome to my nightmare.

Serge Grenier

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